Comment les enfants développent des stéréotypes de genre avant 5 ans ?
est-il vrai QUE NOS STÉRÉOTYPES de genre influencent INCONSCIEMMENT notre manière d’INTERAGIR avec les enfants ?
Afin de comprendre comment les stéréotypes de genre pouvaient être présents chez l’enfant, nous avons regardé le comportement des adultes qui les entourent. La BBC a réalisé, en août 2017, une étude sur les stéréotypes de genre impactant l’éducation des enfants. Afin de voir si ceux-ci pouvaient influencer notre manière d’interagir avec les enfants, ainsi que les jouets que nous leur mettions à disposition.
Pour cette expérience, certains adultes volontaires (hommes et femmes) devaient jouer avec des bébés de sexe différent. L’un dit du sexe masculin et l’autre dit du sexe féminin. De plus, pour l’étude, les habits et les prénoms de ces bébés avaient été échangés. Le pantalon bleu a donc remplacé la robe couleur pastel et vice versa. Edward est devenu Sophie, et Marnie est devenue Oliver.
Les adultes avaient à leur disposition les mêmes jouets. Pourtant, l’expérience montre que selon le sexe du bébé leur comportement est différent :
1) Le bébé dit du sexe féminin, d’un côté, se verra proposer des poupées et des peluches. En revanche, il n’aura aucun jouet qui aide à la prise de conscience de l’espace.
2) De l’autre côté, le bébé dit du sexe masculin aura le droit à un robot, une toupie, à une voiture.
Comme on pouvait s’y attendre, il apparaît complexe de surpasser des stéréotypes de genre dans lesquels nous nous sommes socialisés et construits.
Cependant est-ce que NOS STÉRÉOTYPES de genre peuvent impacter les enfants ?
Ainsi, nos stéréotypes de genres peuvent nous impacter inconsciemment. Ils peuvent à ma fois influencer la manière dont nous nous comportons avec les enfants. Mais aussi les jouets que nous leur mettons à disposition dès leur naissance.
Le problème c’est que les jouets ont un impact chez les enfants. D’une part, sur la perception qu’ils·elles ont d’eux·elles mêmes. D’autre part, sur leur apprentissage et le développement ou non de certaines intelligences : émotionnelle, kinesthésique, visuelle et spatiale…
Lorsque nous proposons des jouets aux enfants en fonction du genre, nous ne leur donnons pas la même égalité des chances. Nous contribuons à construire chez eux des stéréotypes liés au sexe qui leur a été assigné à la naissance.
Aussi pour s’interroger sur l’impact des jouets et de nos comportements dans l’avenir des enfants, voici quelques chiffres sur les filières sexuées. Ils illustrent l’intégration inconsciente de ces stéréotypes de genre chez l’enfant durant son enfance :
Par exemple, il y a 70 % de femme dans les universités de lettres, sciences humaines ; et 73 % d’homme dans les formations d’ingénieures; ou encore 75 % de femme dans les formations paramédicales et sociales; et 72% d’homme dans les sciences fondamentales et applications.
MalGRÉ cela comment pouvons-nous déconstruire ces stéréotypes de genre ?
Par conséquent, vous l’aurez bien compris, il faut déjà avoir conscience de ces stéréotypes pour les déconstruire.
En psychologie, un « stéréotype » c’est comme une croyance (socialement partagée) selon laquelle certaines caractéristiques seraient propres à certaines catégories sociales.
Une vérité contrairement à une croyance est partagée par tou·te·s grâce à des preuves scientifiques.
Les stéréotypes de genre sont alors la croyance que, dès la naissance, certaines compétences ou certains traits de caractères seraient spécifiques certains aux filles et d’autres aux garçons.
D’ailleurs certains stéréotypes commencent déjà à se construire au 5ème mois de grossesse. Via les projections des adultes lorsqu’il est possible de connaître le sexe de l’enfant.
En conséquence, ayons conscience que connaître ou demander le sexe du bébé peut nous amener sans le vouloir à projeter des croyances sur un bébé pas encore né.
Finalement, pour déconstruire nos stéréotypes, il faut questionner nos croyances.
Essayons avec l’exemple suivant de voir si ce sont des vérités ou des croyances :
Les garçons sont souvent qualifiés de forts, casse-cou, aventuriers, sans émotions ; alors que les filles sont souvent qualifiées de douces, prudentes, émotionnelles, sensibles.
Ces qualificatifs sont des croyances. Comme le dit Catherine Vidal qui est neurobiologiste et directrice de recherches honoraire à l’Institut Pasteur, membre du comité d’éthique de l’Inserm et co-responsable du groupe Genre et Recherche en santé* : « Si l’on s’intéresse aux fonctions cognitives (intelligence, capacités de raisonnement, de mémoire, d’attention, de repérage dans l’espace…), les études montrent que chez les 0-3 ans, filles et garçons ont les mêmes aptitudes ! « .
Questionnons nos croyances issues des stéréotypes de genre. C’est ainsi que nous développerons des supers pouvoir pour voir les jouets, au delà du marketing genré rose et bleu.
outre cela, Pourquoi est-il important d’agir le plus tôt possible pour les enfants ?
Catherine Vidal déclare : » Avant même qu’ils sachent lire, petites filles et petits garçons sont bombardés de schémas hyper genrés, au travers non seulement du décor de leur chambre ou de leurs vêtements, mais aussi des films, des dessins animés, des catalogues de jouets ou de la littérature jeunesse« .
Les études prouvent d’ailleurs que, dès l’âge de deux ans, les adultes imposent aux enfants des normes de comportement : « On ne se tient pas comme ça quand on est une fille » ou « tu es un garçon, il ne faut pas que tu pleures ».
Nos stéréotypes de genre, nourris par le marketing genré, impactent également la construction psychologique des enfants et cela se retrouve à l’âge adulte.
Des études montrent qu’à cause de cela :
« A 5 ans, les filles se croient moins intelligentes que les garçons »,
« A 4 ans, les garçons ont tendance à penser que le pouvoir est associé au sexe masculin ».
Ceci montre que les stéréotypes de genre chez l’enfant se forgent très tôt.
alors aidons les enfants en déconstruisant nos propres stéréotypes de genre
En particulier, tous les adultes qui gravitent autour des enfants avant 5 ans. C’est à dire : Parents, grands parents, oncles, tantes, parrains, marraines, ami·e·s des parents, collègues des parents, instituteur·rice·s, puériculteur·rice·s, assistant·e·s maternelle, nounous,… Tou·te·s ceux·celles qui peuvent jouer un rôle clé pour éviter la construction de ces stéréotypes de genre chez l’enfant. A travers, leurs comportements et les produits avec lesquels nous les amenons à interagir.
En Suède, par exemple, les crèches ont mis en place une pédagogie « compensatoire » : si un sexe donné joue moins à un jeu, alors des temps particuliers et non mixtes sont organisés pour l’inciter à se l’approprier.
Nous pourrions nous en inspirer, et essayer de l’appliquer également aux qualificatifs (fort·e, doux·ce, aventurier·ère, rêveur·se,…).
Enfin, il est souvent dit que : « La vérité sort de la bouche des enfants. » Il suffit peut-être, tout simplement, de leur demander « Avec quel jouet ils·elles ont envie de s’amuser ? » et de prendre donc le risque d’entendre leurs réponses qui ne correspondront pas forcément à celles que nous espérions ?
sources et références :
- Etude réalisée en Août 2017 par la BBC « Girl toys vs boy toys: The experiment – BBC Stories »
- Images Vidéos sur youtube de l’étude réalisée par la BBC
- Chiffres des filières très sexuées : Données issues du Rapport : « Vers l’égalité réelle entre les hommes et les femmes 2019 » – Champ : France entière. Source : MENESR – SIES, 2017
- Photo Rose et bleu by Icons8 Team on Unsplash
- Citations de Catherine Vidal prises d’un article sur le site de pro de la petite enfance rédigé par Catherine Piraud-Rouet
- * Catherine Vidal, Autrice de « Nos cerveaux, tous pareils, tous différents », Belin, 2015.
- Article de Natasha Daly sur le National Geographic
- Revue scientifique Sex Roles.
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